Windows XP à la retraite, Microsoft conseille d’acheter une nouvelle machine : je suis d’accord.

closeCet article a été publié il y a 10 ans 3 mois 7 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

Et pourtant, Dieu sait que je ne suis pas spécialement Pro-Microsoft. La preuve, j’essaie maintenant depuis plusieurs mois de passer mon laptop sous Linux, et mon serveur perso est propulsé par Debian (le serveur qui fait tourner ce blog aussi d’ailleurs). Mais je reconnais volontiers que ce n’est pas encore pour tout le monde (ça progresse bien ceci dit). Alors, pour tous ces gens encore sous XP qui vont bientôt vivre un enfer, pourquoi acheter une nouvelle machine plutôt que migrer ? Explications, avec expérience personnelle évidemment.

Si vous n’avez pas suivi les informations liées au domaine de l’informatique, sachez que Microsoft a décidé, à partir d’Avril 2014, d’arrêter le support de Windows XP. Qu’est-ce que ça signifie ? A partir de cette date, Microsoft arrêtera notamment de publier des correctifs de sécurité, et aussi les corrections de bugs. Conséquence ? Les auteurs de virus et autres malwares auront le champ libre pour attaquer la plateforme et en prendre le contrôle. Sans parler des auteurs de logiciels qui finiront par ne plus proposer de logiciel pour le système, ou en tout cas ne chercheront plus à corriger les bugs qui apparaitront avec leur logiciel sous Windows XP. C’est déjà le cas chez Microsoft lui-même qui ne propose les versions récentes d’Internet Explorer que pour Vista/7/8/8.1 (et même Vista commence à être délaissé), dont XP est resté bloqué à la version 8 (un aperçu de ses performances comparées au futur est visible dans ce billet).

Aperçu des performances d'IE9, auquel n'a pas droit XP

Aperçu des performances d’IE9, auquel n’a pas droit XP

Si ça fait autant de bruit c’est qu’il faut prendre en compte un fait particulier : Windows XP est le système d’exploitation grand public de Microsoft a avoir eu la plus longue durée de vie. Jugez plutôt : il est sorti le 25 octobre 2001. Et alors que jusqu’ici, Microsoft avait sorti une version tous les deux/trois ans environ, Vista, le successeur mal-aimé (justifié, il faut dire), n’est apparu que le 30 janvier 2007. Donc tout le monde est/était ultra-habitué à XP, malgré les nombreux défauts qu’il peut posséder. Et dans l’informatique grand-public, continuer à faire vivre une technologie vieille de 13 ans commence à être lourd, handicapant. Mais le constat est là : la part de marché de Windows XP est encore trop grande pour un produit en fin de vie, et il est impossible de le laisser vivre encore longtemps.

Histoire de vous armer pour le futur, Microsoft a sorti un billet de blog avec des conseils pour migrer vers Windows 8/8.1. Je ne m’étalerais pas sur le fait que leur système est une horreur à utiliser, mais plutôt sur le fait qu’ils conseillent l’achat d’une nouvelle machine plutôt qu’une migration logicielle qui est très lourde en pratique. Les gens râlent et pensent que Microsoft essaie de pousser les gens à l’achat d’un pc ou d’une tablette Windows histoire de sauver un marché qui souffre. Personnellement, j’ai une autre vision et une expérience personnelle qui me font penser qu’ils donnent le bon conseil. Et c’est un conseil qui peut aussi valoir pour Windows Seven, alors voyons ce qu’il en est.

Une migration lourde

Une nouvelle version d’un OS Microsoft peut s’installer de deux manières :

  • La plus courante, pour ceux qui bidouillent souvent, consiste à formater le système et repartir de zéro. Dans ce cas, on est habitué à tout remettre à jour/réinstaller, et éventuellement restaurer quelques données, comme les marque-pages Firefox, ou les documents habituels si on n’est pas habitué à partitionner comme il faut (tiens, ça ferait un bon billet ça).
  • Et puis il y a la mise à jour, un processus qui va analyser l’OS actuel, remplacer tout ce qui constitue le système en tentant de garder la majorité des programmes et des données quand c’est possible. Dans le cas précis, depuis Vista les bases ont changé, et au final en partant d’XP ça revient presque au même que le formatage.

Microsoft rappelle justement que dans le deuxième cas, rien n’est conservé, tout est effacé. Et qu’il convient donc de faire attention si l’on ne veut rien perdre.

Il faut aussi noter que dans les deux cas, il faudra alors mettre à jour le système (téléchargement et installation), réinstaller les programmes (téléchargement et installation), et avant ça, vérifier que l’on perdra aucune donnée, en les copiant sur un disque externe par exemple. Bref, très consommateur de temps (chez moi, installation 20 minutes, mises à jour 3h, cause connexion internet en mousse), et dans le cas de certains programmes on s’arrachera la tête si une version plus récente n’existe pas et que l’actuelle ne fonctionne pas. Mais ce n’est pas le pire.

Des surprises à la clé

 Ça vous parait étrange ? On en vient à mon expérience personnelle. L’entreprise où je travaillais s’est retrouvée avec des PC tout neufs sous Vista sur lequel le logiciel de gestion de production ne fonctionnait tout simplement pas. Et l’éditeur du dit logiciel ne savait pas corriger le tir (des branques, mais ça, c’est un autre sujet). Il a donc fallu passer du temps à réinstaller/remettre à jour Windows XP sur ces machines, en croisant les doigts pour que ça passe. Et il n’y a personne qui s’occupe d’informatique là-bas, c’est un des dessinateurs du bureau d’étude qui doit se coller le boulot quand il a le temps. Et ce n’est pas le seul exemple d’entreprise que je pourrais citer.

Windows XP étant ancien, le matériel sur lequel on peut le trouver aussi, et avec l’expérience Vista, on a vu quantité de matériel pourtant répandu dans diverses machines ne plus être supportées ou être mal supportées, et donc ne pas fonctionner correctement avec le nouvel OS. Là encore, personnellement, ça m’est arrivé deux fois :

  • Mon ancien ordinateur portable, un HP pavilion DV4376EA, acheté en 2006, a eu droit à une mise à jour vers Seven courant 2010. Cette installation fonctionne toujours d’ailleurs. A part deux petits défauts : le lecteur de cartes mémoire intégré n’est pas reconnu, et HP ne fournit aucun pilote, même pour Vista (les deux partageant la même base, un pilote pour l’un marche potentiellement pour l’autre); et le touchpad, dont j’ai du prendre un pilote générique pour Vista afin de retrouver ses fonctions (Seven le voyait comme une bête souris à deux boutons, sans molette).
  • La carte son de la « grosse bertha », une Sound Blaster Audigy 2 ZS Platinum Pro (180€ neuf à l’époque de sa sortie, mais je l’au eu à un bon prix), n’a jamais fonctionné correctement avec Seven 64bit. La faute de Creative, qui n’a jamais réussi à sortir de pilote stable jusqu’ici pour les OS 64bit. Et ce ne sont pas les possesseurs de cartes sons de la marque qui me contrediront. Le symptôme ? Utilisateur de Teamspeak, ce logiciel devait être lancé en premier au démarrage de l’ordinateur sinon j’avais une voix de robot. Sans parler de crash complet du son de manière aléatoire, dont seul un redémarrage complet de l’ordi corrigeait le problème, jusqu’à sa réapparition.
Mon vieux crincrin, et il marche toujours.

Mon vieux crincrin, et il marche toujours.

Et sachez que l’inverse est aussi valable : dans le cas de l’entreprise qui a du remettre XP sur ses machines neuves, deux des machines achetées ont du être remplacées car la carte réseau intégrée ne disposait pas de pilotes pour le vieux bousin. Elles étaient donc inutilisables.

Et du matériel qui ne suit pas, ou ne peut pas être mis à niveau

Comme j’ai dit, Windows XP est vieux, le matériel sur lequel il tourne aussi, et donc bien moins apte à supporter le futur. Oui, mon vieux HP a fini par bien vivre sa mise à jour vers Seven malgré le lecteur de cartes absent, et il m’a rendu de fiers services pendant encore deux ans. Mais plus ça va, plus les logiciels qu’il fait tourner deviennent aussi lourds, et certains s’appuyant sur des spécificités de matériel récents deviennent encore plus lents qu’avant du fait de l’absence de ces spécificités. Et dans le cas d’un portable, changer un composant en dehors de la mémoire vive et du disque dur est exclus. De la même façon, un PC fixe ancien verra ses possibilités de mises à jour matérielle handicapée par la vieillesse de ses technologies. Les CPU changent de support avec le temps, la mémoire vive fonctionne différemment, et un SSD, s’il change indéniablement le confort d’utilisation d’une machine, ne rendra pas non plus les logiciels plus légers.

Le PCIe est apparu en 2004, pourtant on trouve encore des machines avec de l'AGP, qui date de 1997.

Le PCIe est apparu en 2004, pourtant on trouve encore des machines avec de l’AGP, qui date de 1997.

Pour le matériel ancien, il ne reste que le pingouin qui saura l’aider à survivre dans ce monde de brutes. Les distributions légères sont monnaie courante, avec plus ou moins de succès concernant leur finition visuelle. Mais même une Lubuntu est capable de tourner très fluide sur du matériel prévu pour Windows XP (comprendre moins de 512Mo de RAM). Il ne faut donc pas jeter ce vieux matériel. Au mieux, s’il ne vous sert plus, et que vous ne savez pas quoi faire avec, donnez-le à une association qui saura lui donner une seconde vie !

Bref, faut du neuf

Voilà donc pourquoi je pense que Microsoft a raison de conseiller l’achat d’une machine neuve. Même si je nuancerais en disant qu’une machine de moins de quatre ans suffira. Si vous ne voulez pas de Windows 8,  Microsoft compte prendre soin de Seven au moins jusqu’en 2020. Le paysage informatique aura bien changé d’ici-là, avec j’ai bien peur une domination d’appareils mobiles verrouillés et équipés de systèmes fermés et impossibles à remplacer. Que voulez-vous, les gens sont bêtes, ou ne veulent pas réfléchir au fait que leur machine les contrôle plutôt que l’inverse (le temps de cerveau est plutôt tourné vers les derniers exploits sur Flappy Bird ou Farmville, c’est tellement mieux voyez-vous). Le PC est à l’heure actuelle la seule plateforme vous permettant d’avoir un contrôle presque total sur ce qu’elle fait. Et elle DOIT survivre, quitte à ce que ce soit avec Microsoft à sa tête.