Des intelligences pas si artificielles que ça 

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C’est un des domaines de recherche les plus actifs de ces derniers années dans le domaine de l’informatique. Les intelligences artificielles sont partout : elles nous battent aux jeux de société, elles savent conduire à notre place, engrangent (et perdent) des millions de dollars sur les places boursières, et même maintenant sont capables de développer leur propre langage de communication utilisables uniquement entre elles.

C’est un domaine que j’aime suivre, même si d’un point de vue technique je peux parfois, voire souvent être largué. Et j’ai l’impression que plus ça va, plus on utilise une mauvaise définition, car pour moi, elle ne sont plus artificielles ces intelligences. Elles sont surtout spécialisées.

La majorité des avancées de ces dernières années reposent sur l’utilisation de réseaux de neurones, logiciels évidemment. Un des points-clés de leur utilisation repose sur leur capacité à apprendre. Par exemple, Google utilise de tels composants dans Google Photos pour vous aider à trier votre galerie, en apprenant à reconnaître les visages et les lieux présents sur plusieurs photos différentes.

Alors comment vous appelez le fait d’apprendre quelque chose et de savoir le reproduire dans le bon contexte ? Et surtout d’apprendre de vos erreurs ?  Êtes-vous artificiel quand vous faites de même en tant qu’humain ? Vous avez l’idée.

La contrainte actuelle des réseaux de neurones est qu’il leur faut une masse conséquentes de données pour apprendre, là où un être humain peut se forger une compétence plus facilement (pas besoin de regarder 2 millions de photos de chats pour en déduire les caractéristiques qui vous permettront d’identifier un chat par la suite).

Mais cette contrainte peut avoir des avantages : Big Blue n’a battu Kasparov que parce qu’il était capable de puiser dans une mémoire de séquences de coups d’échec bien plus importante que ce que le cerveau du joueur russe pouvait emmagasiner, la mise en place d’une stratégie étant alors moins évidente pour l’humain.

Watson d’IBM, encore lui, peut fournir un diagnostic médical bien plus efficacement qu’un médecin certes très compétent mais limité par sa formation, son expérience et une veille médicale certainement imparfaite face à la mémoire énorme du super ordinateur et ses capacités déductives.

Une autre capacité des intelligences sont leur adaptation. La gestion de l’équilibre des robots de Boston Dynamics est assez flippante à ce sujet, ils sont plus efficaces que mon cerveau attaqué par une méningite. Mais voilà : Watson a gagné à Jeopardy avant de jouer les docteur House, seulement il n’a pas changé tout seul d’occupation ni sans un nouvel apprentissage assez imposant, le tout piloté par une armées d’ingénieurs. Idem, une fois entraîné à reconnaître des photos, il est impossible pour un réseau ainsi entraîné de passer à l’audio ou au texte sans recommencer à zéro, et là encore sans l’intervention d’un humain.

Les réseaux de neurones sont avant tout des moteurs d’apprentissage : ils apprennent sur un sujet précis, ils apprennent aussi de leurs erreurs quand on les corrige (non ça c’est plus gros qu’un chat, c’est un tigre), mais une fois entraînés ils restent dépendants du code qui indique quoi leur apprendre et comment organiser leur mémoire. Et l’organisation est différente pour une image ou un son (imaginez pour la description des symptômes d’une maladie).

Là où l’intelligence humaine est multitâches, mais c’est probablement un des seuls points positifs qui nous restent pour l’instant : à l’instar du polymorphisme des virus informatiques, il ne restera pas longtemps avant que les réseaux soient capables, via leur apprentissage, de modifier ou de s’ajouter du code. Restera aussi à régler la question de la conscience de soi, un point sur lequel les lignes bougent déjà du côté des biologistes à propos des animaux.

Les robots d’Isaac Asimov sont donc encore loin, mais une partie des capacités qui les caractérisent sont déjà là. En ce sens, la réflexion lancée sur les algorithmes par le Ministère de la Culture est intéressante, encore faut-il que ça débouche sur quelque chose de positif, ce qui est malheureusement très rare avec nos gouvernants/gouvernés ces dernières années (encore plus du Ministère de la Culture).

J’ai beau être fasciné par ce domaine, nourri par mon imaginaire et ma culture personnelle, c’est aussi cette même culture qui laisse vivre en moi une certaine appréhension face au pouvoir qu’on va donner à ces intelligences. J’ai en effet en tête tout autant les rêves d’Asimov sur les avancées que ces intelligences apportent que les craintes de Cameron dans Terminator (qui elles sont héritées de Mary Shelley, encore merci à elle).

Mais si je suis gentil, ça se voit pas ?

Maintenant imaginez qu’en parallèle on continue de travailler et pousser la recherche dans la réalité virtuelle, enfin non n’imaginez pas on y est déjà, et d’autres recherches sur les interfaces neuronales laissent déjà penser que Sword Art Online ne restera pas qu’un manga encore très longtemps. Ajoutez une dose d’IA et nous voilà dans Matrix. Oui ce sont des visions pessimistes, mais si on trouve beaucoup de récits négatifs sur ce que pourraient nous apporter ces technologies, ce n’est peut-être pas pour rien, il y a toujours des humains derrières.

Et on est bourré de défauts. Mais salement.