EndlessOS : mais pourquoi ?

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J’ai vu récemment passer sur mes flux RSS un très mauvais article du site frandroid sur un laptop orienté gaming avec une configuration peu courante à base de CPU Ryzen 5 2500U, mais surtout, livré sans Windows, mais avec EndlessOS. Et j’ai eu la curiosité de fouiller un peu vu les différents problèmes.

Je me suis déjà exprimé sur Twitter à propos des problèmes de l’article d’frandroid (qui cherche vraiment les clics à tout prix, un site orienté mobile Android qui parle de laptop pc et de Windows…), je vous remets ma réaction :

Le matériel est déjà peu courant, surtout pour des fabricants vendus à Intel depuis des années, à savoir un CPU AMD Ryzen 5 2500U, une carte graphique Nvidia GTX 1050, accompagné de 8Go de RAM et d’un SSD certes un peu léger de 128Go en M.2 SATA, mais accompagné par un gros plateau de 1To qu’on aura vite fait d’éviter si on veut vraiment travailler en performances en 2019. Le tout agrémenté par un écran 15,6 pouces FullHD antireflets, donc oui, une bonne babasse, à un super prix pour ceux qui veulent jouer sans avoir besoin de tous les détails à fond, une machine conçue par un gros constructeur en plus, à savoir ASUS. Pour les intéressés je vous mets le lien direct sur Cdiscount (ah oui par contre ça…), sans tracking dégueulasse de frandroid, non de dieu que c’est pas RGPD tout ça…

Et donc il n’est pas fourni avec Windows 10 mais EndlessOS, qui n’est, on va le voir, rien de plus qu’une distribution Linux. Vu ce que je fais avec mon laptop sous Manjaro, y compris jouer, et pas qu’à des Point&Click Big Fish Games, dénigrer et dire qu’on devra installer Windows à la main est juste une connerie monumentale. Par contre, ce que j’ai découvert sur EndlessOS me fait définitivement tiquer sur la cible réelle de ce laptop.

EndlessOS, UselessOS ?

L’OS semble construit de zéro, sur un noyau Linux 5.0, mais utilise le gestionnaire de paquets APT de base, sans pour autant se reposer sur Debian et ses dépôts. Le bureau n’est en fait qu’un Gnome très paramétré, un peu en mode « ChromeOS » vu qu’il n’y a pas de menu mais toutes les applications directement sur le bureau. C’est tout de même un Gnome 3.32, qui a bénéficié d’un gros travail sur sa réactivité à défaut de sa légèreté en ressources, donc pas si mal. Qui dit Gnome dit systemd, coucou les rageux, retournez sur vos joujous. Concernant l’embonpoint à l’installation, sur une VM, après désinstallation de Chrome (aïe), installation de Firefox et Steam, on est à 9Go. Pas un très bon élève, vu la logithèque installée Gnome semble un coupable facile, à moins que…

Là où ça commence à se gâter, c’est sur l’utilisation semble-t-il de flatpak pour la majorité des applications, quoiqu’en plus il a l’air d’avoir un support pour snap. Comme tout se passe par l’App Center qui semble bien austère même si d’un point de vue ergonomique il est pas mal, difficile d’en savoir plus sans installer les applis, les lancer, et tenter de trouver ses petits via le terminal. En gros, si on ne fait pas une recherche, on aura bien du mal à avoir des résultats probants.

Autre conséquence du choix de flatpak, vous avez une chance sur deux que l’application installée ne soit pas traduite dans la bonne langue, et je n’ai pas trouvé d’options pour corriger ce point. Vous comprenez donc ma remarque sur la cible, certes c’est « simple », mais si on est pas anglophone, ça pose des problèmes, d’autant plus sur des sites multilingues qui vont vous envoyer sur leur version anglaise par défaut en détectant la langue du navigateur. Au revoir les français. L’embonpoint dont je parlais est certainement lié à ce choix de fonctionnement, pour rappel, flatpak, snap, appimage, tous ces formats reposent sur un même fonctionnement de base : embarquer les dépendances des applications pour éviter les soucis liés à celles-ci. Intéressant sur le papier, mais on se retrouve avec un problème de duplication similaire à ce qu’on peut voir sous Windows avec les jeux qui embarquent chacun leur révision du Microsoft C++ Runtime pour ne citer que lui (sans parler des versions de DirectX…). Comme ils ont fait le choix d’utiliser uniquement flatpak pour les applis, vous êtes tous seuls pour réparer si ça déconne, car pas de support et d’expérience d’une énorme communauté autour d’une distribution de base (Debian pour Ubuntu, ArchLinux pour Manjaro), ou de la distribution elle-même. La communauté doit être riquiqui.

1,2Go de dépendances, check

La distribution fait aussi des choix par défaut qui me dérangent, mais qui malheureusement pour la planète conviennent trop souvent aux gens peu soucieux de leurs outils. En effet, l’OS est fourni avec Chrome par défaut en tant que navigateur, et ce qui serait éliminatoire à lui tout seul, à savoir désinstallé, remplacé par Firefox, après un reboot un peu sauvage car l’interface était freezée (les addons virtualbox embarqués sont pas d’une stabilité monumentale, mais tout fonctionne out-of-the-box : résolution auto, copier/coller bidirectionnel), il m’a réinstallé Chrome. Ce n’est pas un bug, j’ai tenté plusieurs fois de désinstaller et redémarrer l’OS, il réinstalle Chrome à chaque reboot. A partir du moment où l’OS commence à penser à votre place pour vous dire ce que vous devez utiliser comme logiciel aussi critique qu’un navigateur web de nos jours, c’est mort.

Le bureau, qui comme je l’ai dit fait office de lanceur d’applications, est bourré de raccourcis vers Facebook, Whatsapp, pire, ça vous lance une fenêtre Electron (donc Chromium) pour afficher finalement le site web, sous forme « d’application ». Il existe aussi des liens pour accéder rapidement à Spotify, tout pour être bien dans un monde qui exploite ses utilisateurs pour en prendre le contrôle, l’inverse de ce que devrait être l’utilisation de l’informatique. C’est Gnome Vidéos, anciennement Totem, qui est installé mais vous avez un gros bouton pour « Obtenir VLC », vu la licence pourquoi ne pas l’avoir fourni par défaut ?

Ça j’ai potentiellement la raison, vu le niveau de finition de l’interface qui est, il faut le reconnaître, plutôt bien léchée, garder un environnement cohérent nécessite d’utiliser uniquement, Gnome oblige, des logiciels reposant sur le toolkit gtk3 au minimum. Hors, VLC repose sur le toolkit Qt qui a ses propres codes. L’inclure est donc toujours un risque, d’autant que flatpak oblige il y a une containerisation des applis, ce qui veut dire qu’entre deux applications « qt » qui n’utilsent pas la même version, vous oublierez certainement des paramètres en voulant améliorer l’intégration (utiliser un thême proche sur Qt et GTK, voire le même si l’auteur dudit thème a fait le boulot monstrueux pour vous, idem pour les polices de caractères), ce qui rendra vraiment pas bien.

Les choix par défaut se traduisent aussi dans la procédure d’installation. C’est simple, au démarrage sur le système live, on vous pose trois questions à peine, le partitionnement est entièrement automatique, au reboot vous créez votre compte, et vous êtes déjà opérationnel, ça a pris 5 minutes dans la VM, c’est dire si c’est rapide. Autant les étapes avant le reboot, bon, ça pourrait être un peu plus fourni, autant j’aime cet aspect « OEM », ou vous pouvez installer l’OS, couper la machine, et au premier démarrage, l’utilisateur crée directement son compte et peut l’utiliser. Combien de fois j’ai vu des Windows préparés avec un compte par défaut, et dont les utilisateurs se contentent sans prendre la peine de le créer avec leur propre nom ?

Le dernier point qui me bloque, c’est qu’on a un « contrat de licence » à accepter avant de pouvoir démarrer l’installation. C’est toujours délicat, il faudra que je le relise parce que souvent, c’est un nid à emmerdes juridiques qui ne devrait pas se poser quand on utilise des logiciels sous licences libres.

Quitte à économiser Windows, y’avait d’autres solutions plus propres

La distribution n’est pas inutilisable, loin de là, mais quitte à éviter Windows 10 et son aspirateur à données personnelles et comportementales, il y avait quantité d’options préférables, la première étant Ubuntu. Oui, c’est une distribution qui dispose certainement de la logithèque et de la communauté la plus fournie du monde de la banquise de notre cher manchot. C’est d’ailleurs le choix fait systématiquement par Dell quand il vous fournit une machine sous Linux. Pour l’instant le support de Steam, porte-étendard du jeu vidéo sous Linux, est encore complet sur cette distribution, et pour des francophones, c’est aussi un des meilleurs choix à faire car dès que vous aurez un problème, il aura certainement une solution déjà trouvée, même en français. Et même pour installer des logiciels hors dépôts et snap/flatpak, vous serez mieux guidé que sur une distribution faite à partir de rien. D’autant que leur forum repose sur Discourse qui est une bouse sans nom…

C’est donc dommage de la part d’ASUS d’avoir fait un tel choix, mais finalement pas si surprenant quand on se souvient qu’ils avaient déjà fait l’erreur d’aller chercher une Xandros pour leurs premier eeePC, qui ont inauguré une période faste pour les netbooks, ces machines compactes avec des écrans inférieurs à 10 pouces et des CPUs anémiques au possible, mais dont l’OS a justement montré le pire qu’on pouvait de l’écosystème de l’époque (faut dire qu’il n’y avait pas beaucoup d’interfaces adaptées à ces tailles), poussant les autres constructeurs à ressortir un Windows 7 « Basic » en 2009. Et là, on recommence même si visuellement c’est plus propre. C’est tellement dommage. Après évidemment, si vous voulez jouer à PUBG, pas trop le choix, il vous faudra un Windows 😡

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Jarno
Jarno
19/08/2019 11:42

« poussant les autres constructeurs à ressortir un Windows 7 « Basic » en 2009 » : si seulement ! Non, il s’agissait de Windows XP Starter, un sous-Windows XP dont on aurait remplacé le moteur de berline par celui d’une 2CV. Et qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, j’adore les 2CV 😉 S’ils avaient osé une Xubuntu 8.04 LTS, l’histoire aurait peut-être été différente ! Concernant cette machine, ça semble pas mal, mais effectivement le public visé (les « gamers »), j’y crois pas trop. Et ce choix de Endless OS au lieu de Ubuntu me semble,… Lire la suite »