Ubuntu Paris, Jour 2

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Deuxième jour de l’Ubuntu Party de Paris, après une première journée particulièrement riche à plusieurs niveaux.

7h30 : ouvre les yeux

Aïe. C’est beaucoup trop tôt, la raison, j’ai chaud. Je reste allongé encore un peu, non, pas la peine, je gratterai pas plus de minutes de repos. Donc douche, petit déjeuner, et je commence à bosser. Le Wifi de l’hôtel est bien plus cool à ce niveau, après avoir entré le numéro de chambre et le code secret, on a accès à tout, la connexion au VPN maison est directe, je peux bosser sans contrainte. J’oublie malheureusement de rajouter une conf à OpenVPN pour m’en servir depuis la Cité des Sciences, donc on fera sans.

11h: arrivée à la Cité

Nouveau contrôle, nouvelle gêne à propos de la valise, allez hop, déballe tout. Comme hier, à peine arrivé les discussions sont déjà animées. Je me retrouve de nouveau assis au stand Framasoft (efficace l’enrôlement, ‘est-ce pas ?), à répondre à quelques questions. L’audience est plus calme, je suis de loin, alors que c’est censé m’aider dans mon « rôle improvisé », la prez de Genma (oui oui, toujours l’hyperactif), et je reste finalement à répondre aux questions des gens, alors que j’envisageais d’assister à la conf sur le harcèlement. Je n’ai pas réponse à tout, j’essaie de trouver des détails avec ce Wifi toujours gênant (d’ailleurs, un des participants bénévoles se plaint de ne pas pouvoir faire de SSH, comme je le comprend). Les Framakey sont-elles toujours en vente ? Qui doit-on contacter pour que l’on participe à l’Ubuntu Party de Tours en Janvier ? Autant de questions auxquelles je n’ai pas toujours la réponse. On reparle aussi de l’initiative C.H.A.T.O.N.S. (Collectif d’Hébergeurs Alternatifs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires) qui sera lancée en Janvier, et dont on n’arrive plus à retrouver l’intégralité de la signification sur le moment. Une initiative dont je pourrais éventuellement en être, je ne sais pas encore dans quelle mesure.

cm-t passe avec une caméra. Demande si je suis d’accord pour être filmé et qu’il m’entrevoit pour un podcast qui sera monté plus tard. J’accepte, je vais me taper la honte de ma vie avec mes réponses aux dernières questions (le ridicule ne tue pas, parait-il), et je m’excuse encore auprès des gens de Framasoft si j’ai dit des bêtises. J’ai des devoirs à faire.

13h30 : pause miam

Important, le miam. Je décide de retourner dans cette pizzeria où j’ai fini la soirée d’hier. Le patron me reconnaît, tout sourire. Je remarque un truc qui me fait marrer : la conférence sur le climat démarre aujourd’hui, il fait un temps assez merdique (nuages, vent à décorner un cocu), est-ce un signe ?

Je me retrouve à manger comme « Olive » hier soir : le PC sur les genoux, à lire les articles de mes flux RSS pendant que je mange, en profitant du partage Wifi de mon téléphone.

Retour à 14h30, le stand Framasoft tourne sans moi (la charmante demoiselle présente hier après-midi est de nouveau au front), je me balade un peu. Il y a définitivement moins de monde aujourd’hui qu’hier, malgré tout il n’y a plus de places assises à l’atelier Arduino, mais manifestement, d’après Philippe et Simon, un collègue de travail qui vient régulièrement aux Ubuntu Party, c’est « un peu chiant ». Je regarde le programme, j’ai prévu de regarder le début de la présentation de…

15h00 : Zenzla, De Google addict à l’auto-hébergement

Un processus difficile, vu l’aspect incontournable du géant américain. Respect Monsieur. La conf’ dure une heure contrairement à ce qui est dit sur le programme. Retour d’expérience, retour sur les débuts de l’internet français. Une fois qu’on en a fait le tour, il se passe quoi derrière ? Découverte du partage de la connaissance.

On apprend que Google fait tout pour attirer les webmasters : Analytics, Adsense, adwords, Webmaster Tools. Puis Chrome, en 4 ans devient leader mondial des navigateurs, passant devant un Firefox qui avait bien ouvert la voie des standards. Le bonhomme utilisait plus d’une quarantaine de services, jusqu’à Google Print (on envoie son document chez Google, l’imprimante connectée à la maison récupère le document et l’imprime). La vraie révélation, « l’eye-opener », sera le Nexus One. Non seulement les données sont pillées sur ordinateur, mais maintenant elles le sont aussi dans la poche.

Comme beaucoup (et parfois moi y compris), on l’a pris pour un parano. On s’est donc bien marré quand on a eu la confirmation avec Edward Snowden.

La Solution pour s’en sortir : auto-hébergement. Il n’est pas d’accord avec la définition un poil extrémiste que l’on trouve sur Wikipedia, puisque dans ce dernier on ne considère comme « auto » les services hébergés chez soi, alors que c’est aussi personnel si l’on loue une machine vierge sur laquelle on installe tout nous-même. Cependant, il reste réaliste sur les limites techniques et psychologiques lié à ce qui est un vrai processus, comme l’a pu l’être la bascule de l’école présentée hier.

On a aussi droit à un petit rappel sur Let’s encrypt, initiative visant à proposer, de manière gratuite, des certificats SSL/TLS reconnus par tous les navigateurs, qui actuellement sont vendus une blinde, mais qui permet justement à nos services hébergés maison d’être sécurisés aussi bien que les paiements en ligne. La « beta » démarre ce début Décembre.

Coup de cœur évident du Monsieur dans ce cas : Framasoft. Avec une année 2 qui démarre en fanfare pour la campagne Dégooglisons Internet, la sortie de pléthore de services permettant de faire sauter la première barrière de l’auto-hébergement, les connaissances techniques.

Il démonte une fois de plus certaines idées reçues : je n’ai rien à cacher, un OS libre permet de pas être tracé, la navigation privée de Firefox cache tout, on peut garantir l’anonymat avec de simples plugins. L’anonymat est très, très difficile et coûteux en termes de gêne de navigation. Tout le monde à forcément quelque chose à cacher, et il faut se battre pour que ça le reste, ce qui n’est pas normal. Linux, c’est bien, mais c’est pas Byzance sans un peu d’éducation (on y revient très souvent).

16h00 : Logiciel libre, surveillance, écologie, vision commune d’une révolution en cours

16h20 en réalité, ça a débordé un peu avec les questions pour Zenzla. QUand j’arrive, ça parle de létat déplorable de la démocratie (ça on a remarqué). Benjamin Sonntag est membre de la Quadrature du Net, et dresse un petit bilan de l’assoc’. Il rappelle que le Logiciel libre est une nécessité dans bien des domaines, notamment en « crypto » (plus largement outils de sécurisation des échanges) où tous les outils fermés sont tous noyautés par les états et autres intérêts privés.

Il explique qu’il y a des domaines où appliquer les concepts du Logiciel Libre, comme la surveillance (par exemple en dénonçant des programmes d’écoutes massives, comme l’a fait Edward Snowden).

Il évoque aussi l’écologie punitive : on punit les mauvaises sans organiser et accompagner les bonnes initiatives, et régler les problèmes dont souffrent par exemple les énergies renouvelables. On rencontre notamment une grande difficulté d’application avec la legislation française, à cause de plusieurs facteurs, l’un des principaux étant le blocage de la démarche écologique par les industries qui entretiennent une mauvaise éthique : armement, énergie (fossile bien évidemment), bref, tant que nos politiques écoutent les mauvaises voix, on n’est pas rendus.

Je retiens de cette conférence une grande aisance de présentation, malgré le fait que l’on saute assez vite d’un sujet à l’autre, c’est censé le prouver, mais c’est rapide, trop court peut-être. Sinon, je l’ai fait, mais vous aussi, si vous pouvez, donnez des sioux à l’arc/la Quadrature, comme je l’ai fait récemment. Ils ont entrepris aussi de décentraliser les Quadr’apéro, qui sont donc des soirées apéro où l’on peut échanger sur les sujets de prédilection de l’association en toute tranquillité autour d’un verre, ce qui est une très bonne initiative je trouve.

17h00 : Ubuntu Phone, convergence

À l’entrée se trouve un stand où l’on a une télé géante reliée à… un téléphone, un Nexus 4 pour être plus précis, qui tourne non pas sur Android ni Firefox OS, mais sur Ubuntu Phone. L’idée, que cherche à pousser également Microsoft avec Windows 10 mobile : on utilise le même environnement ou presque, mais l’interface s’adapte « naturellement » à l’écran branché. En mode téléphone, on a une interface tactile, avec des gestes à faire pour manipuler l’interface. Branchez le à un adaptateur HDMI, raccordé à une télé, et hop, on retrouve une interface « bureau », mais avec les mêmes installations, données, logiciels, dont l’interface s’adapte pour faire « bureau ». Allumez le wifi, appairez un kit clavier souris, et hop, vous avez un concentré PC/mobile dansun seul appareil.

La démonstration de cette convergence était assez basique, et le réseau moisi de la Cité des Sciences n’aide pas. L’instabilité relative du système, qui doit normalement être finalisé pour Ubuntu 16.04 LTS, est aussi à noter (l’icône du réseau n’a pas percuté que le téléphone a été passé en mode avion). Dommage, le concept est intéressant.

Pour développer des applications, on a du choix : webapp distante, en mode hébergé sur serveur (un peu ce que je fais avec mon lecteur de flux RSS), qui demande d’avoir du réseau, webapp « native », comme le pousse FirefoxOS, et application « QML », du nom du langage de description adopté par Canonical pour son kit de développement maison (en fait, le QML est partie intégrante du framework Qt). Ce dernier permet d’accéder à toutes les fonctions de l’appareil, et notamment de l’appareil photo arrière et avant, du flash, du GPS, du gyroscope…

On a l’impression de prendre le problème de l’OS mobile dans l’autre sens : Mozilla a sorti un truc stable rapidement, mais très limité, pour commercialiser du téléphone, et améliorer après le logiciel (sans parler des portages). Ubuntu se concentre sur le logiciel pour l’instant, avec quand même une grosse différenciation (le mode convergence), mais le nombre d’appareils est très limité. Ceci dit, cm-t passe à ce moment-là et sort son Meizu MX4 sous Ubuntu Phone, c’est beau, c’est fluide, et l’appareil peut tenir jusqu’à 3 jours avec la version actuelle du système. Pas mal.

Peu de temps après, je termine de prendre les notes de ce deuxième jour, et je récupère mes affaires au stand Framasoft, déjà rangé, je serre quelques mains, je remercie les gens pour les deux jours que j’ai passé, je suis maintenant certain que je reviendrai. Et oui, si c’est encore au stand Framasoft j’essaierai d’être mieux armé. Mais pour le moment, c’est direction le métro.

19h30 retour à la maison

J’ai passé un week-end extraordinaire, pas non plus parfait, mais j’en ai pris plein les yeux et les oreilles, j’ai rencontré et échangé avec des gens qui eux mangent du libre et des valeurs autour bien plus que je ne le fais au quotidien, c’est vraiment une ambiance à découvrir. J’ai appris, pendant que je « tenais » le stand Framasoft, qu’une Ubuntu Party se tiendra en Janvier à Tours. Il y a Rouen aussi. Mais ce genre d’évènement ne se limite pas à Ubuntu. Et si je n’ai pas suivi la présentation sur le sujet, j’ai « réappris » qu’il existait un Agenda du Libre, permettant de regrouper tous les évènements dans toute la France autour des sujets qui nous sont chers, et qui pourraient vous intéresser. Allez-y au moins une fois. Si ça ne vous plaît pas personne ne vous en voudra, même si on trouvera ça dommage.

Moi en tout cas, j’y retourne volontiers dans six mois, je ne vous bassinerai probablement pas autant que ce que j’ai pu faire là, encore que je pourrais éventuellement faire un « journal d’un insider », ce que je n’étais pas vraiment pour cette première fois.

UPDATE : les vidéos des conférences sont disponibles sur cette page. Dans un format ouvert évidemment 🙂


Anecdote négative du retour, je me suis fait voler mes lunettes de soleil dans mon sac à dos dans le métro. Je fais 1,90m, difficile pour le type d’être discret, et pourtant, personne autour de nous n’a pensé qu’il fallait me prévenir. Imaginez maintenant que ces personnes qui restent indifférentes font la même chose avec des femmes qui se font agresser (demandez à Jack Parker), et vous avez là une bonne raison de balayer tout l’optimisme accumulé du week-end et se dire que finalement, on ferait bien de laisser l’humanité crever dans son intégralité avec le dérèglement du climat pour que ce genre de comportement disparaisse. Oui, je suis en colère, mais avouer que se faire piquer ses lunettes de soleil, souvenir de vacances à l’étranger, alors qu’on est en hiver, c’est quand même profondément débile. Et je vais en chier pour retrouver une telle qualité sans que ça me coûte un bras.

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emkamax
emkamax
03/12/2015 11:08

Très bon résumé de cette Ubuntu Party. Pour ma part c’était également une première. Ca m’a permit de rencontrer plein de personnes intéressantes et de (re)découvrir ton blog par la même occasion. Max

Thierry
Thierry
06/12/2015 19:00

J’étais bénévole et ça fait plaisir de voir deux articles « bilan » de cette Ubuntu Party (surtout que pour le moment il n’y a pas de bilan officiel) !
Pour info l’ensemble des conférences est disponible en streaming ici : http://media.ubuntu-paris.org/

cm-t
18/12/2015 11:00

Merci pour ces deux billets <3
J’espère que, malgré les lunettes, tu as bien profité, c'est le plus important à mes yeux.

A dans 6 mois peut-être 🙂

PS: je suis toujours sur les rush de l'interview, je te donnerai des nouvelles dès que c'est prêt (pas avant janvier je pense)