Horreur : je ne sais plus vulgariser

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Enfin, savoir n’est peut être pas le meilleur verbe. Mais c’est un fait, si vous cliquez sur la catégorie vulgarisation, le rythme de ces billets a grandement baissé, et vous n’imaginez pas pendant combien de temps le dernier est resté à l’état de brouillon. Et je n’arrive plus à écrire ou finaliser de nouveaux articles, ce qui est un problème étant donné qu’on a plus que jamais besoin d’expliquer, de démystifier pour une masse toujours plus éloignée des technologies pourtant dans leur main au quotidien. Mais que se passe-t-il?

Il faut remonter aux origines du blog pour comprendre déjà la motivation première derrière la vulgarisation. À l’époque je n’étais pas encore un « professionnel » de l’hébergement, et je baigne dans un environnement rural globalement très ouvrier dont le quotidien se résume à compter chaque centime pour manger ou payer son loyer. Tout ça dans un secteur industriel vieillissant déjà souffrant avant la crise de 2008 qui a laissé pas mal de monde sur le carreau. Donc les « nouvelles technologies » , le Web, le cloud, l’IA, tout ça les dépasse, ne les intéresse pas, leur seule utilisation du Web est la consultation de leur fil Facebook et de sa bulle, le concept même de navigateur Web est mal compris (Chrome fait des ravages)… Et moi au milieu mordu par une araignée informatique quand j’étais petit, toujours accro à cet univers et qui démonte des ordis depuis des années et lit les infos quotidiennement dans plusieurs langues et sur plusieurs sites (quand la source de nouvelles des autres se résume à tf1 et le courrier picard), je suis en profond décalage.

Et donc dès que je veux partager quelque chose d’important ou que je trouve excitant, je dois trouver des images, expliquer longuement le contexte avant même d’aborder le sujet premier. C’était un exercice quotidien ou presque à l’époque, j’avais donc la tête pleine d’idées, d’analogies plus ou moins précises sur pas mal de domaines, j’arrivais même à m’adapter à la spécialité de mon interlocuteur pour choisir une imagerie adaptée à ses connaissances.

À l’ouverture du blog il était donc tout naturel de coucher certaines de ces idées, surtout les plus utilisées, sur le papier numérique. Les sujets ont été nombreux, pas toujours dans le bon ordre il est vrai, et certains ont malgré tout subi de nombreuses réécritures avant d’être publié. J’avais même sous la main ma chère maman que je mettais régulièrement à contribution pour relecture afin de m’assurer d’être d’une certaine clarté. Et pourtant sur plusieurs sujets elle n’était pas forcément le meilleur cobaye, quand on sait que dans mes jeunes années elle codait en assembleur sur l’Amstrad CPC

Et puis ma vie à changé pratiquement du tout au tout, grâce à Flemzord et une entreprise, LinkByNet, qui accepte le pari qu’un autodidacte peut faire aussi bien qu’un diplômé avec la même expérience professionnelle. Je déménage, habite quelques temps chez ma marraine avec mon oncle assez porté sur les nouvelles technologies aussi avec qui il est facile de discuter (bon ma mère est aussi une partenaire de débat de qualité sur ces sujets), et surtout, je suis plongé au quotidien dans la réalité de l’hébergement, du « cloud computing », je fais un mini-avc quand j’entends parler le service marketing de transformation digitale (je ne pensais pas être entré dans une entreprise de poterie ou de proctologues…), et proximité d’une grande région aidant, je rencontre enfin certaines personnes que je connaissais numériquement de près ou de loin, ayant souvent les mêmes sensibilités que moi, voire même plus marquées car entretenues d’échanges avec d’autres. En clair, le profil de personne que je ne trouvais absolument pas dans la Somme, une réalité de terrain bien différente.

Ce qui veut dire beaucoup moins d’entraînement, car je n’ai plus besoin d’expliquer ce qui est, à mon niveau, la base en matière de technique ou d’éthique, je peux aller directement à l’essentiel, les discussions sont donc plus variées car il n’y a plus besoin de faire de surplace. Et comme toute spécialité, si on ne pratique plus, on finit par oublier. C’est la difficulté que je rencontre actuellement. Non, ce n’est pas comme le vélo. J’avais démarré une série d’articles sur le stockage, le dernier brouillon sur le partitionnement n’a pas été retouché depuis décembre 2016. Je n’arrive pas à le structurer, à trouver le niveau de vocabulaire qui convient… C’est devenu tellement évident pour moi que ça devient compliqué de décrire clairement. Un peu comme quand on est habitué à une langue étrangère, et qu’on comprend mais l’on est incapable de traduire ce que l’on vient d’entendre ou de lire.

Et pourtant une des raisons qui font que je vais au premier samedi du libre, c’est également pour garder ce contact avec des personnes qui sont en souffrance face à leur outil. Certains sont impossibles à sauver car ils cherchent avant tout quelqu’un pour les assister en permanence (allez lire à propos des collègues de Cyrille Borne), sans vouloir retenir les bases; que j’aimerai qu’on passe un permis informatique comme pour les véhicules, au moins si on les oblige les gens retiennent le minimum. Mais pour les autres, ceux qui veulent faire un effort, il faut un guide, il faut un vocabulaire adapté, il faut des références auxquelles se raccrocher.

Je n’abandonne donc pas, mais je vais devoir être vigilant et peut-être revoir mes priorités en matière d’écriture ou d’expérimentation, à l’image du sport que je vais reprendre, peut-être vais-je devoir m’imposer des séances de vulgarisation. Je n’ai pas de réponse certaine à ce sujet. Et ça paraît con mais je flippe un peu 🙁

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Norore
10/04/2018 13:28

Tiens, ça me fait penser à comment j’ai essayé d’expliquer à mon père ce que c’est que la partition… En essayant de trouver des analogies avec la vie de tous les jours. Du coup je me tâte à faire un billet de retour d’expérience, sachant que je ne suis pas experte en matériel 😀 ! Mais je n’ai pas non plus envie de te scooper…
Courage, ça va reviendre, au cas où, je peux servir un peu de cobaye 🙂 !

Cyrille
11/04/2018 10:46

Il faut prendre conscience que ce que tu écris, tu le réalises et ça te fait quelque chose. A l’heure actuelle la mouvance du libre est assez amusante, venez nombreux mais en fait on n’est pas apte à vous accueillir. Toute la vulgarisation est en train de disparaître au profit d’articles qui sont de plus en plus techniques. Je ne préfère mieux rien dire quant à l’efficacité des lugs de ma région où des gens ont été mis de force sous Linux parce que c’est super et n’arrivent pas à trouver de l’aide. Franchement autant laisser les gens sous Windows,… Lire la suite »