Mirror’s edge catalyst : cool mais… 

closeCet article a été publié il y a 6 ans 8 mois , il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

Je fais partie des rares joueurs à avoir été conquis par le concept de Mirror’s Edge : un jeu de « parkour » à la première personne, un concept qui avait eu du mal à trouver un public même s’il a fini avec les années avec des chiffres honorables. Et les groupies on tanné DICE, le développeur du jeu, pour avoir une suite. Enfin une suite, ce n’est pas vraiment ce qu’on a eu. Et ça fait partie de ses problèmes.

Dire que j’ai adoré le premier est un euphémisme : je l’ai acheté peu de temps après sa sortie sur PC en boîte (50 balles donc), fait plusieurs fois, et plus tard je l’ai acheté également sur Xbox 360 pour retrouver les sensations grisantes de mes mouvements mais dans mon canapé ce coup-ci. Et pourtant on peut lui trouver beaucoup de défauts : très court (6h le premier run, 4h30 le deuxième), une histoire pas nécessairement intéressante, et certains lui reprocheront un aspect couloir qui colle mal avec l’idée de liberté de course sur les toits (un aspect couloir qu’on accepte pourtant dans d’autres jeux sans problème).

Ce concept de « première personne » pour un platformer/runner pas évident à aborder

Pour sa « suite », DICE a voulu voir plus grand : exit les couloirs, on passe au monde ouvert avec missions annexes en tout genre, la ville, qui était vraiment très blanche dans l’original, est un peu plus colorée et composée de quartiers avec chacun une identité et une dominante de couleur différente.

On joue toujours Faith Connors, dont le « métier » est messagère, ce qui signifie dans l’univers du jeu le transport d’informations qui ne doivent pas passer par les canaux ultra-surveillés des autorités, autorités qui ne sont plus étatiques mais privées, car toute la ville est dirigée par une poignée d’entre elles. Une évolution de la société qui n’est pas sans rappeler le pouvoir grandissant que prennent les multi-nationales de nos jours. Nous retrouvons donc notre demoiselle pas du tout en détresse à sa sortie de prison, pour avoir été trop imprudente lors d’une mission. De nature contestataire (ses parents ont été tués par les autorités justement parce qu’il refusaient ce modèle de société ultra-totalitaire), la demoiselle passe par les toits pour parvenir à ses fins.

D’ailleurs, comme pour le premier opus, on est toujours coincé sur ces fameux toits, mais ce coup-ci point de couloirs, on peut pratiquement parcourir la ville entière dès le début, à quelques exceptions près. En effet, alors qu’on était complet en termes de compétences (la difficulté augmentant nous poussant naturellement vers ces capacités qu’on trouve inutile au début), maintenant certains mouvements sont à débloquer dans un arbre de compétences à l’aide de points acquis au fil de l’augmentation du niveau du joueur. On nous donne aussi quelques objets au fil de l’aventure, qui nous permettent d’accéder à certains endroits ou faciliter certaines missions.

Si au départ j’ai pesté face à cette mécanique, finalement, et comme le jeu nous y incite, on apprécie de re-découvrir un lieu avec ces nouvelles aptitudes qui permettent aussi de découvrir de nouveaux raccourcis ou objets cachés. Parce que l’objectif global reste toujours la rapidité pour aller d’un point A à un point B, des missions annexes étant spécialement conçues pour ça.

Un point qui m’a particulièrement déçu cependant, c’est le sens urbain. Dans son réglage par défaut c’est un GPS amélioré qui vous montre systématiquement un chemin à prendre, mais on se rend vite compte qu’il n’est pas nécessairement le plus efficace qui soit, et surtout pas très varié, c’est à dire qu’il ne tient pas compte des alternatives à moins de s’y engager de soi-même. Je trouve que c’est un élément un peu trop facilitateur, là où dans d’autres jeux de ce type il fallait connaître le terrain comme sa poche.

Et puisqu’il faut en parler, l’histoire. J’évoquais en introduction, ce jeu n’est pas une suite mais un reboot, et si des éléments restent communs (rappel : les parents contestataires, les corporations qui remplacent des états- on s’en approche doucement, avec un Facebook qui exploite 2 milliards d’internautes), beaucoup de choses ont changé, mais certains noms sont restés, sans forcément leur contexte original. Je ne m’en souvenais pas quand j’ai lu les tests à la sortie du jeu, et du coup j’étais perdu en écoutant les différences, un peu comme si vous aviez raté un épisode de série télé, ou dans le cas présent une saison entière tant les changements sont nombreux. Icarus n’est plus un projet de police agile composée de traîtres mais un personnage de la bande (plutôt tête à claques en plus), la mort des parents s’inscrit dans un complot dont la mère a fait un peu partie malgré elle, et l’histoire de la frangine fait un grand écart tout en conservant l’idée d’opposition /appartenance aux deux mondes opposés.

Et c’est perturbant, parce que le personnage principal reste le même. J’aurais moins eu de problème avec cette histoire finalement moyenne avec un personnage moins marqué dans mon esprit. On me rétorquera que la problématique est la même dans un Zelda, mais je ne pense pas avoir vu un épisode où Zelda remplace Ganon. Ce qui est finalement le cas ici.

Mais bon, tout n’est pas à jeter non plus. En premier lieu, la jouabilité. Sur PS4 la manette est à chier, ce qui fait qu’il m’a fallu bien 6h de jeu avant de commencer à être à l’aise. Mais à partir de là, c’est devenu festival, on enchaîne les sauts et acrobaties avec un plaisir béat, servi par un level design au poil qui laisse de la place à l’imagination sur les chemins à prendre (si on fait abstraction du GPS, pour rappel), ou les méthodes pour atteindre certains endroits.

Autre point positif, les combats. Dans le premier il était clair qu’il était impossible de se battre quand bien même certains mouvements étaient possibles, tout affrontement se soldait pratiquement par un échec. Alors que là, le niveau est bien plus équilibré, ou plutôt Faith sait maintenant réellement se battre, avec des mouvements nombreux qu’il faudra sortir à bon escient, parce que tous les ennemis n’ont pas les mêmes faiblesses. Comme je l’ai déjà dit certains mouvements sont à débloquer dans l’arbre de compétences, ce qui est moins gênant parce que les combats sont rares au début.

L’arbre, ou plus tôt les arbres, séparés en trois catégories : combat, mouvement, équipement

En parlant de ça, essayez de boucler certaines missions secondaires de livraison très tôt. Après, l’apparition aléatoire des pelotons d’agents de sécurité, est moins aléatoire et plus systématique ce qui ralentit inévitablement la course. Pareil pour les courses de vitesse. Il semble que ce soit aussi dépendant de votre propension à éclater les caméras de sécurité, essayez de retarder le nettoyage le plus possible et pas tout péter comme moi dès que j’en ai eu la possibilité.

Concernant les missions liées aux personnages secondaires, leur intérêt est là aussi variable, les principales que je vous recommande étant celles qui permettent de « libérer » les communications d’une zone pour pouvoir s’y téléporter, pratique parce que je l’ai déjà dit la ville est immense et on peut déjà perdre un temps fou à récupérer tous les éléments, récupération récompensée par des points d’expérience dont la montée en niveau permet d’acquérir de nouvelles compétences.

En résumé, j’en pense quoi ? C’est un bon jeu si on a jamais joué au premier, avec les forces et les faiblesses de ses mécaniques de jeu et du rythme inégal lié au monde ouvert (je le considère pas comme une tare spécifique au titre puisque ce problème est également présent dans pratiquement tous les open world, la série Assassin’s Creed en tête). L’histoire n’est pas complètement débile, si on adhère au concept de ville dirigée par des entreprises. L’idée de faire un reboot n’est pas si mauvaise dans le fond, mais une vraie suite étoffant les personnages déjà présents dans le premier aurait pu être plus intéressant à mon sens.

Reste le gameplay que j’adore toujours mais qui risque d’en dérouter plus d’un, tout comme son grand frère à l’époque : le mélange première personne/plateforme/runner étant très particulier, à l’image des contrôles du personnage. Si vous le trouvez à pas cher (comme moi par exemple chez Micromania en occasion) ça vaut peut-être le coup de se pencher dessus 🙂