Nous sommes envahis par les PCs !

closeCet article a été publié il y a 7 ans 9 mois 4 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

Ce titre un brin alarmiste peut paraître à contre-courant des dernières informations en la matière, mais il n’a pourtant jamais été aussi vrai. Pour savoir pourquoi je l’ai choisi, j’ai décidé de me remettre un peu à la vulgarisation, on va donc reprendre les bases de « l’informatique », et donc vous serez convaincu que l’invasion ne fait que commencer.

Je vais me baser sur le strict minimum, donc pas la peine d’hurler à l’approximation, on discutera architecture(s) un autre jour. Je ne vais pas refaire toutes les définitions, si vous « ramez » un peu je vous invite à relire au moins le premier article des termes expliqués.

Les organes vitaux

De quoi donc a besoin un ordinateur de nos jours ? La base, c’est une unité de calcul, le CPU. C’est lui qui va lire les instructions des programmes, les exécuter et mettre en forme les résultats. Pour travailler sur des gros volumes de données, malgré le fait qu’un CPU embarque une petite quantité de mémoire, il a besoin d’une plus grosse quantité, très rapide également. C’est la mémoire vive, ou RAM. Mais cette mémoire rapide et pratique est volatile, pour conserver de manière pérenne vos précieux documents et volumineux fichiers, il faut un stockage qui n’a pas besoin d’électricité pour tout conserver. C’est le disque dur, qui de nos jours remplace le plus souvent les antiques plateaux magnétiques pour des puces de mémoire flash (mais si, vous connaissez, c’est le SSD).

Nous avons le noyau dur, mais comment interagir avec celui-ci ? En effet, en l’état difficile de savoir et surtout de demander quelque chose à la bestiole que j’ai commencé à décrire. Commençons par un affichage, un écran la plupart du temps. Pour faire le lien entre l’écran et notre noyau dur, un contrôleur d’affichage, pour faire simple une carte graphique. Si la vidéo est votre dada, en plus de l’image vous voudrez aussi le son et là encore, ça repose sur deux parties : une enceinte (toutes tailles), et donc pour faire le lien une carte son. Voir et entendre le résultat c’est bien, mais encore faut-il lui donner de quoi le produire, il nous faut donc ce qu’on appelle dans le jargon, un périphérique d’entrée, quoi de mieux pour saisir du texte tel que celui que vous lisez qu’un clavier ? Ajoutez-y une souris pour cliquer un peu partout (pas celle-là par contre).

Ne manque plus qu’un moyen pour notre appareil bientôt au complet de communiquer avec d’autres appareils de son genre. Ben oui quoi, on est au 21° siècle, impossible d’utiliser un ordinateur sans Internet. Il faut donc une interface réseau, câblée ou wifi/mobile peu importe, l’important, c’est que ça communique avec d’autres PCs. Et on va donc s’arrêter là pour aujourd’hui, prenez le temps de vous mettre cette recette en tête, puisque c’est sur cette dernière que repose l’argumentation.

Plus de 60 millions de joueurs PC next gen

J’en connais plus d’un qui vont bondir de leur siège en lisant ça et en comprenant ce que ce titre vient de dire. En effet, avec les générations PS3/Xbox 360 et leur petites sœurs qui ont déjà passé plus de deux ans sur terre, on a vu une flopée de PCs optimisés pour le jeu débarquer dans les salons et les chambres d’adolescent(e)s, et aussi d’adulescents. Certes on a absolument pas le contrôle dessus, le clavier est remplacé par une manette, ou une caméra à la con (ou des godes vibrant suivant les goûts), mais la encore on a une machine qui possède tous les composants décrits au départ, minus l’écran qui sera votre télévision. Et chacune tourne avec un système d’exploitation que le fabricant pense optimisé.

Et d’ailleurs, Valve, développeur d’Half-Life, de Counter Strike, de Portal, de Team Fortress 2, ou encore de DOTA 2 tente aussi (sans succès pour l’instant) l’aventure avec des Steam Machines, dont le SteamOS basé sur Linux veut proposer une expérience dite  » PC » dans le salon. Compliqué semble-t-il.

Des PCs partout, jusque dans votre poche

L’article lié dans l’introduction fait état d’une chute impressionnante, pour ne pas dire inquiétante du marché. En même temps, avec un Windows 10 qui fait fuir les gens par paquet, entre autres parce que Microsoft a cru bon forcer la main des utilisateurs sur les anciennes machines, sans parler d’un nombre grandissant de consommateurs passifs qui se contentent d’une tablette, il n’est pas compliqué de considérer qu’il n’est pas toujours nécessaire de débourser plus de 500 boules dans un tel appareil.

Tiens justement la tablette, et si je vous disais qu’au final c’est juste un PC nouvelle génération ? Non c’est vrai, vous avez CPU, RAM, mémoire flash (remplace le disque dur), l’écran tactile qui remplace à la fois le clavier et la souris, le modem wifi/bluetooth, le modem 4g. L’intégration poussée fait que CPU, RAM, 4g ont tendance à se retrouver sur la même puce, et la consommation étant le principal problème à résoudre, il a fallu utiliser une architecture différente de nos bons vieux PCs. Ce qui a demandé du logiciel différent. Mais le fond du fonctionnement est strictement identique.

D’ailleurs, ce ne sont pas les tablettes qui sont venues bousculer cette domination, mais les smartphones. Ces bestioles qui commençaient à monter en puissance dès 2005 ont vu un invité surprise rebattre les cartes en 2007 en la personne de l’iPhone. Les tablettes apparues plus tard ne sont au final qu’une adaptation dans un format intermédiaire entre le format de poche à 150 grammes et le mastodonte qui avoisine les 2kilos. Et donc l’évolution de l’architecture a été initiée avec nos téléphones. Avec le succès qu’on connait, Google enregistre depuis quelques années plus d’1 milliard d’activation d’appareils par an et les caisses d’Apple n’ont jamais été aussi bien remplies, redonnant au passage un peu de brillant sur la gamme MacBook. Mais ça ne s’arrête pas là.

Les objets connectés, qui s’annoncent comme le nouvel eldorado d’une industrie en manque de données personnelles à revendre, ne sont la plupart du temps qu’une version condensée et réduite à l’essentiel des smartphones. Parfois même la seule interface visuelle directe se résume à une pauvre diode lumineuse, l’interaction se fait au travers de capteurs et non plus d’écran tactile ou de clavier. Mais tout ça ne fonctionne plus seul.

Le cloud, c’est le PC d’un autre

Oui sans vergogne je pique cette citation parce qu’elle est particulièrement adaptée au sujet. En effet, même vos smartphones ne sont pas assez puissants pour travailler seuls en particulier si vous voulez leur parler. Les assistants vocaux des Google, Apple, Microsoft sont en fait non pas exécutés en local, mais bien sur des serveurs beaucoup plus puissants quelque part dans le monde, et votre appareil ne sert que de relai. Serveurs qui ne sont rien de plus que des PCs, certes adaptés pour être empilés dans ce qu’on appelle des centres de données, ou datacenter dans la langue de Britney Spears (ça rime un peu avec Shakespeare non ?). J’avais d’ailleurs évoqué la forme du serveur dans une réflexion sur la nécessité d’avoir le sien chez soi.

Que dire alors des montres et autres bracelets connectés, dont vous connaissez déjà les limites puisqu’elles ne sont pratiquement d’aucune utilité supplémentaire sans être reliées à vos smartphones en Bluetooth. Et bien les quantités astronomiques de données qu’elles peuvent amasser ne sont pas stockées non plus sur le smartphone mais bien sûr les serveurs de l’éditeur de l’application qui doit vous faire culpabiliser de ne pas avoir marché assez dans la journée (et bientôt dire à votre mutuelle que vous n’êtes pas assez soucieux de votre santé, selon les critères qu’ils voudront vous imposer–mais je m’égare un peu).

Tu débloques ou quoi ?

Pas vraiment, puisqu’au final j’ai parlé d’un point de vue vraiment électronique, pour définir ce dont je parle. Et si on revient à la définition de Personal Computer, il s’agit bien d’un appareil qui effectue une forme de traitement électronique pour nous servir. Certes avec le cloud cette définition prend un peu de plomb dans l’aile, puisqu’une partie se fait ailleurs, et donc sur le PC d’un autre. Mais c’est comme ça depuis les débuts de l’Internet au final, à des échelles plus ou moins grandes, plus ou moins centralisées.

En fait c’est le PC traditionnel, notre bon vieil ordinateur qui prend un coup de vieux, et donc les usages qui vont avec. Forcément, nos smartphones sont de plus en plus à même de convenir aux besoins de nombreuses personnes, même si personne ou presque ne veut réellement se pencher sur le vrai problème de l’autonomie des bestioles au regard de la dépendance grandissante que nous développons à leur égard. Et en dehors des jeux vidéos qui ont pris un petit coup de vent frais ces deux/trois dernières années, il faut avouer que la centralisation rampante fait que ces traitement nécessitent de moins en moins de puissance en local. Même les fabricants de consoles de jeu, qui ont déjà grandement poussé la connectivité de leurs machines, s’attellent pour s’affranchir du matériel en faisant calculer le jeu sur des serveurs qui reçoit en permanence les commandes de votre manette pour ensuite vous envoyer les images du résultat. L’objectif à terme étant de vous proposer de louer l’accès à un tel service plutôt que d’acheter le jeu « one shot ». Et ce même s’ils me font mentir avec l’annonce des PS4K et autre Xbox One Scorpio. Au bout d’à peine 4 ans, les early adopters doivent être content…

Garder au moins une plateforme ouverte

Et pourtant il faut se battre pour ces bons vieux ordinateurs parce que ce sont les derniers bastions de vie électronique sur lesquels on peut encore avoir le contrôle du logiciel. Je ne parle évidemment pas de Windows 10, qui pour l’instant vous permet encore de désactiver la plupart des mouchards qu’il embarque (pour combien de temps, vu que les CGU leur donnent tous les droits ?), mais vous retire le contrôle des mises à jour, sous prétexte que la plupart des utilisateurs sont trop débiles pour y faire attention (ils n’ont malheureusement pas complètement tort sur le sujet, cf un vieux sketch que j’affectionne). Que dire des stores et autres Marketplaces dont les tenanciers sont les seuls à décider des applications que vous pourrez installer, excluant de fait tout logiciel libre, seule garantie que l’on peut avoir du comportement de sa bébête ? Que dire quand Amazon va jusqu’à retirer de votre tablette des livres que vous avez acheté sans vous demander la permission, sous prétexte de droits qu’un vendeur n’aurait pas eu ?

Ce PC au sens traditionnel du terme est donc le seul capable pour l’instant de vous respecter, pour peu que vous fassiez le choix de logiciels et services qui vous respectent également. Et encore, comme j’en ai pu faire l’expérience récemment, certains fabricants commencent à faire en sorte que vous n’ayez plus le choix de démarrer le système que vous voulez. C’est Windows 10 ou… Windows 10. Voire même me faire piéger par la facilité avec une application de mail sur Android qui n’en est pas une et m’a forcé à changer les mots de passe de 4 boîtes mails (merci seb de me l’avoir signalé sur ce billet). Alors pitié laissez tomber vos tablettes Android et Apple et reviendez au bon vieux laptop, oui c’est lourd et chiant, mais on peut en plus faire en sorte qu’il dure bien plus longtemps que ces bestioles (si l’écran n’avait pas lâché mon bon vieil Acer serait toujours en activité, encore que même sans écran je pense lui trouver une utilité). Au passage vous faites un geste pour la planète, c’est pas mal non ?