Le vrai coût d’un site Web

closeCet article a été publié il y a 8 ans 9 mois 16 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

Inspiré par cet article de Tanéléo partagé sur Twitter par Philippe Scoffoni, j’ai décidé d’être un poil plus factuel en essayant d’énumérer ce que représente réellement un site web, son impact sur le monde réel. Et vous allez voir que même un blog modeste comme celui-ci peut coûter cher, très cher.

Le temps de le faire vivre

En dehors du fait que je dois passer du temps à écrire les articles plus ou moins régulièrement, je passe aussi du temps à m’occuper de la machine sur laquelle se trouve le blog. Mises à jour du système d’exploitation, du moteur du site ainsi que de ses extensions, la sauvegarde (et la vérification régulière de celles-ci), je ne compte pas les heures à épuiser mon clavier, mais elles sont là, bien qu’on essaie si possible d’automatiser au maximum; c’est un des avantages de l’informatique après tout.

Sauf que la machine, elle est raccordée à un réseau, dans un datacenter, et qu’il faut des gens à plein temps pour que cette machinerie reste en bonne marche (parce que du matériel vit et meurt constamment, que certains font des erreurs en configurant un réseau, par exemple). Et ça tourne 24/7, 365 jours par an. J’hébergerais à la maison que le problème serait à peine différent : pour que tout le monde puisse voir ce que j’héberge, il faut que mon opérateur soit relié au reste du monde, et donc y mette des gens qui passent du temps, même s’ils sont payés avec mon abonnement.

La consommation électrique

C’est un fait, que ce soit pour son fonctionnement direct ou son refroidissement, un serveur consomme de l’électricité. Si on peut la réduire et donc réduire les besoins annexes quand on a pas de gros besoins en puissance (certains se content d’un serveur avec CPU Atom, ceux qu’on retrouvaient dans les netbooks d’il y a 4 ans), le fait est que ça tourne pas avec un hamster qui court dans sa roue à côté. En France en tout cas, cette électricité est majoritairement produite par le biais de centrales nucléaires.

On les dit certes propres parce qu’elles dégagent peu de « carbone », mais côté déchets radioactifs, c’est une catastrophe naturelle sponsorisée par l’État depuis des décennies. Ces déchets, on ne sait pas les recycler ni les exploiter de manière alternative (comme on peut le faire avec le combustible lui-même), et donc on stocke ça, on enfouit surtout beaucoup en France. Seulement, ces radiations mortelles le seront toujours dans plusieurs centaines d’années, et à l’heure actuelle coutent une fortune à « gérer » (surveiller qu’il n’y aie pas de grosses fuites sur les sites de stockage). Que ce soit financièrement ou écologiquement, c’est pas la joie.

Le renouvelable ? De la même façon que la fabrication des circuits imprimés ou des composants fait débat depuis des décennies (mollement traitée par la directive européenne RoHS de 2005), la fabrication des panneaux solaires et des éoliennes, fers de lance de l’électricité « verte », est régulièrement sujet à caution quand à son impact environnemental que ce soit sur leur fabrication ou leur utilisation (les éoliennes nécessitent des travaux et peuvent aussi perturber la faune, en fonction de leur emplacement).

Son coût sur votre vie privée

Là, c’est nébuleux j’avoue, d’autant plus qu’il est atténué ici par l’absence totale de publicité. Mais quand vous partagez un de mes articles sur un réseau social, ses opinions sont rattachées à votre profil (Facebook fait le mien même si je n’y suis pas inscrit), la fréquence des partages permet aussi d’en préciser certains contours. Sans même partager, les publicités que vous ne bloquez pas peuvent traquer votre navigation partout où elles s’affichent. Les sites qui affichent les boutons originaux de Facebook, Twitter, Google+ les contactent directement, et leur permettent d’enregistrer tout de suite toutes les pages que vous visitez, histoire de vous pister toujours plus et de connaitre vos goûts, votre état psychologique, votre santé, bref, tout ce qui permet de vous vendre à d’autres sociétés.

Accepteriez-vous d’avoir en permanence une personne derrière vous à tout noter de vous sans savoir ce qu’il compte faire de ces informations ? Vous acceptez pourtant très souvent quand vous êtes sur Internet, au motif que ça rend tout gratuit. Le jour où vous voudrez arrêter, virer l’indélicat aura des conséquences réelles (disparitions des sites, ou nécessité de payer ce qui était gratuit jusque là). Quand ça sera seulement possible, surtout quand on voit les assurances automobiles commencer à proposer de pister tous vos déplacements pour prouver que vous êtes un bon conducteur, ou les mutuelles courir après les données d’Apple sur l’état de santé des utilisateurs d’iPhone/Apple Watch pour moduler le prix de l’assurance santé…

Internet, c’est pas le monde des bisounours

Comme on le voit, un site web est rarement réellement innocent finalement. On aimerait bien, et il fut un temps c’était probablement en partie le cas. Mais maintenant, le monde réel et le monde numérique sont irrémédiablement liés, et c’est pas le meilleur des deux qui ressort de plus en plus souvent, à mon grand désarroi, et celui d’une partie d’entre vous. En tout cas, le bon côté des choses commence de plus en plus à ressembler à un énorme écran de fumée, de ceux qui forment des gros nuages épais, ceux du Cloud qui aspire toute notre vie, et que même les États cherchent à ausculter au plus près, des fois que vous ayez envie de faire fonctionner votre cerveau différemment de ce qu’ils veulent…

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C138
C138
13/06/2015 17:05

Quelle horreur !! : «mollement **adressée** par la directive européenne RoHS de 2005»
Pitié, pas ça (ici)… Mollement traitée, tout simplement.

C138
C138
13/06/2015 17:15

«Accepteriez-vous d’avoir en permanence une personne derrière vous à tout noter de vous sans savoir ce qu’il compte faire de ces informations » Analogie intéressante, mais qui mérite d’être approfondie … * Les activités (virtuelle) internet de l’utilisateur suivi sont transposées en vie réelle (e.g. achat en ligne =devient= achat en boutique) * La personne ne vous suit donc qu’à l’extérieur du domicile (conséquence du point précédent) * La personne qui suit est a priori « invisible » (les mécanismes de pistages sont généralement « non explicite », cookies, redirection, ) * Mais chacun « sait » qu’il est susceptible d’être suivi, plus ou moins étroitement… Lire la suite »