Intel ou l’enfumage de gamme avec les Core iX 5000

Cet article a été publié il y a 8 ans 10 mois 11 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

En plein examen de mes options pour changer de machine, j’ai comparé les caractéristiques de deux modèles de CPU dernière génération de chez Intel. Il fut un temps où le fondeur nous avait habitué à une vraie différenciation de gamme, mais là, on se croirait chez les fabricants de GPU, adeptes du renommage en masse (mention spéciale à AMD qui n’a pas fait de réelle nouveauté depuis trois ans). Petit décryptage.

Mon précieux est donc équipé d’un Core i3 5005U, un CPU basse consommation. Mais j’ai aussi vu des Core i5 5200U. À première vue, on se dit donc qu’une telle montée en gamme, même sur du basse consommation, devrait s’accompagner de réelles différences sur l’architecture. Vérifions :

(Source)

Vous pouvez aussi utiliser directement l’ARK d’Intel pour comparer les deux bestioles, c’est encore plus flagrant. Il n’y a guère que le CPU boost qui pourrait justifier un tel changement, et encore…

Étrange. Il y a encore quelques années, deux CPUs avec des spécifications matérielles aussi proches se voient affublés du même préfixe (i3 serait approprié ici), quitte à utiliser un chiffre un poil plus grand. Donc là où l’on s’attend à avoir une masse de puissance en plus (de Core i3 à Core i5, sachant qu’il y a encore les Core i7 derrière), au final ça se résume à 700Mhz de fréquence de pointe (boost). Même nombres de cœurs aux mêmes caractéristiques, ce Core i5 devrait en fait s’appeler Core i3, avec un 5080 (et encore) au lieu de 5200.

Une course avec les GPU renommés ?

En effet, les fabricants de GPU sont friands de renommage, avec par exemple Nvidia qui appelle des GeForce 900 mobiles qui ne sont à peine plus que des 800 mobiles à peine gonflées. AMD n’est pas en reste, et s’avère être pire, la majorité des Radeon R9 et R7 n’étant pour l’instant que des puces sur l’architecture des Radeon HD 7000, sorties il y a maintenant trois ans. Ces pratiques se remarquent surtout sur les modèles de cartes vendues aux assembleurs (HP, Asus, Lenovo et j’en passe). D’ailleurs, La machine qui a vu HandyLinux prendre ses commandes est équipée d’une GeForce 315, qui est en fait une puce GeForce 200. Une pratique à la limite de la tromperie, condamnée en France.

Intel n’est certes pas dans ce cas extrême, puisqu’on reste dans la même génération, mais appeler un Core i5 comme tel alors qu’il a les caractéristiques d’un Core i3, ça relève presque de la malveillance selon moi. Attention aussi, certains considèrent l’HyperThreading, qui consiste à exécuter deux threads en même temps sur un seul cœur, et qui fait apparaitre du coup le double d’unités au niveau du système d’exploitation, comme de la malveillance, puisqu’elles ne sont pas physiquement présentes (le gestionnaire de tâches de Windows me présentait 8 « CPUs » avec mon Core i7 2600). Mais la réalité est là, les performances sont vraiment plus élevées avec cette technique que sans sur une même architecture (on peut la désactiver au besoin).

Généralisé à toute la gamme ? Pas si vite

Finalement, il n’y aurait que le Core i7 qui pourrait éventuellement prétendre à en être un, si l’on regarde de plus près les spécifications du modèle 5557U repéré par Michael Larabel dans les données d’OpenBenchmaking.org. Certes il est toujours dual core avec HyperThreading, mais il est un peu mieux équipé : 4Mo de cache au lieu de 3, une fréquence de base 3.1Ghz (avec donc un TDP adapté à cette plus grosse vitesse, mais qui reste très bas), le support supplémentaire de la LPDDR3 1866MHz au lieu de 1600Mhz, et surtout, un GPU Iris 6100 dernière génération, qui possède la particularité de pouvoir être utilisé avec de la mémoire dédiée, ce que ne savent pas faire les HD graphics standards, piochant dans la mémoire vive standard (donc les performances seront plus faibles). J’ai ajouté ledit CPU au tableau comparatif pour que l’on puisse bien se rendre compte.

Malgré tout, on a du mal à comprendre la segmentation choisie par Intel pour les puces « Broadwell », surtout quand on compare à ce qu’il se faisait il y a encore deux ans, où l’on sentait une vraie différentiation sur les détails d’architecture (l’HyperThreading était réservé aux Core i7, par exemple). C’est là que le gros, gros manque de concurrence de la part d’AMD dans le domaine se fait cruellement sentir, et malgré des puces A10 qui restent intéressantes d’un point de vue des performances brutes (moins en calcul, plus en graphisme), avec des machines qu’on veut toujours plus mobiles, leur consommation les rendent pratiquement hors-sujet. Et ça vaut aussi pour les prix du coup.

Personne n’y gagne

Bref, la situation actuelle rend tout le monde perdant, surtout si l’on veut éviter un tant soit peu de voir nos machines avec des puces ARM à la place, ouvrant un boulevard aux OS pourris/verrouillés que sont Android et ChromeOS (ce dernier tourne déjà sur x86, et c’est une catastrophe, une parodie d’OS). Windows 8.x et suivant m’a déjà bien refroidi avec sa volonté de siphonner toujours plus de données (« grâce » au compte Microsoft que le système impose presque), j’ai pas non plus choisi Linux uniquement pour sa stabilité sur la machine actuelle mourante, mais bien pour le contrôle qu’il me permet de garder sur ma machine, et donc sur mes usages.