À quel point suis-je encore dépendant de Google ?

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Difficile de se passer du géant de Santa Clara à l’heure actuelle. Google est partout : moteur de recherche, e-mail, vidéo en streaming, communication audio/vidéo temps réel, stockage en ligne, bureautique en ligne, agrégateur d’information, cartographie, navigateur web, système d’exploitation mobile (Android) et fixe (ChromeOS), fabrication de smartphone (Motorola), domotique (Nest), régie publicitaire, réseau social (on rigole pas)… Et certainement d’autres que j’oublie.

Cette omniprésence a réellement des avantages pour nous, utilisateurs : ces services se nourrissent les uns des autres pour être toujours plus précis et pertinents, et vous n’avez pas à chercher cinquante ans où aller pour avoir une réponse à un besoin. En contrepartie, ces services collectent donc toujours plus de données parfois intimes que vous n’auriez pas imaginé transmettre à quiconque il y a encore quelques années. Si encore Google se gardait tout ça pour lui, ça pourrait aller. Mais les pratiques commerciales sont, à l’image de Facebook, discutables : après tout, ces services sont tous fournis gratuitement, et il faut bien financer les infrastructures immenses et leurs sysadmins, et les développeurs, talentueux, qui sont là pour inventer les services de demain ou transfigurer ceux d’aujourd’hui.

Pourtant, un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur… Euh non, enfin presque. Google a beau être dominant sur beaucoup de sujets, des alternatives existent, parfois de qualité équivalente ou supérieure, mais pas toujours, il faut être honnête. Et j’ai donc tenté d’éviter le géant autant que possible. Alors où en suis-je de mon « sevrage », est-ce seulement possible ?

La porte d’entrée : le compte Google

En tant qu’utilisateur de services Google, tout tourne autour d’un seul et unique compte. celui-ci vous servira aussi bien à activer un smartphone Android, à synchroniser ses paramètres pour les transférer sur votre prochain appareil (ou un deuxième utilisé en parallèle), à disposer d’une boite mail, qu’à vous abonner à des chaines Youtube (ou à disposer de votre chaine pour poster vos propres créations), à utiliser un espace de stockage en ligne, à éditer les documents qui s’y trouvent, enregistrer vos recherches d’itinéraires pour les retrouver directement sur le smartphone afin de lancer directement la navigation…

Je l’ai dit, tous les services sont interconnectés et les données sont abondamment croisées, et le compte est un immense fourre-tout bien organisé ceci dit. Mais cette masse de données qu’ils s’autorisent à collecter sur vous est hallucinante, et surtout, silencieuse. La plupart du temps, vous acceptez cette moisson sans vous en rendre compte, par les fameuses CGU que vous « signez » sans même les lire. Exemple : j’ai activé mon GPS en cours de route sur le trajet qui m’a amené en Espagne l’été dernier. J’ai été surpris de retrouver l’historique des positions enregistrées dans les paramètres de Google Maps. La justification de ça est une plus grande précision pour les futurs passages, mais quand bien même : je n’ai pas demandé à ce que tout soit enregistré. On peut désactiver cette collecte, mais à l’instar de tout le reste, c’est le comportement par défaut.

Petite parenthèse : Microsoft procède exactement de la même manière avec le compte… Microsoft (qui peut avoir été créé à l’époque d’hotmail, comme moi). Outlook, Windows Phone, Windows (depuis 8), Xbox Live… tout ce qu’ils vous poussent à utiliser, ils le sniffent.

Ce que je n’ai jamais utilisé

Je n’ai pas de compte « Drive », de stockage en ligne, et donc n’utilise pas toute la suite « Docs » de bureautique. Je ne synchronise rien sur mon compte, donc pas de calendrier,de sauvegarde de carnet d’adresses. Google News (Actualités dans notre langue) n’a jamais fait partie de mes usages. Pas de traduction non plus (j’utilise Reverso pour ça, découvert à l’époque où j’ai travaillé chez Schlumberger), ni la plateforme Blogger (faut pas abuser non plus hein :D), sur laquelle vous pouvez notamment lire les déboires d’une cousine qui se bat « contre » le gluten.

Côté « blogueur/administrateur de site », je n’ai jamais utilisé les outils pour développeurs, je n’ai pas de compte adSense (pas de publicité, mais je me pencherais éventuellement un jour sur ce marché), et je suis directement passé à la secte Piwik pour l’analyse de trafic. Et je ris à la figure de celui qui mentionnera « Google+ » dans les commentaires.

Ce que je n’utilise plus

Je n’étais donc déjà pas si dépendant de Google que ça par rapport à d’autres. En tant qu’utilisateur final, il y a encore un an, j’étais donc utilisateur de Google Maps et de Google Search. Après avoir découvert à quel point ils étaient intrusifs, j’ai décidé de supprimer ces deux éléments. Maps a été remplacé avantageusement par Mappy GPS, car il ne nécessite pas de connexion 3G constante (les cartes sont stockées en local sur le smartphone). Certains testeront Here Maps de Nokia, déjà fourni sur leurs smartphones Windows Phone et qui semble ravir ses utilisateurs. Je l’avais installé sur Android chez moi, mais lors du premier lancement, la demande de création de compte m’a directement poussé à la virer. Cette collecte constante commence vraiment à me gaver.

J’ai déjà évoqué le cas du moteur de recherche avec DuckDuckGo, qui est suffisant pour moi (trouver des résultats en anglais ne me dérange pas trop), mais a tendance à sortir plus de « vieux » contenus comparé à Google. Et il n’est pas possible de filtrer les résultats en fonction de la date. S’il ne vous convient pas, il existe encore Bing, le moteur de Microsoft. Le partenariat conclu avec Mozilla a permis à Yahoo de reprendre un tout petit peu de poil de la bête mais celui-ci utilise principalement… la technologie Bing. Serpent, queue toussa…

Ce que j’utilise encore

Un Android « officiel » est encore nécessaire pour avoir un smartphone si possible sous contrôle, et disposant d’une quantité suffisante d’applications de bonne qualité même gratuites (je vous laisse juger pour les jeux). Je dis « officiel » parce que sans certification Google, pas de Play Store, et donc on se coupe d’un catalogue conséquent; et les initiatives comme Mozilla qui proposent aussi les APK sur leur serveur FTP ne sont pas si courantes. Si F-Droid est une bonne idée en soi, la pauvreté des applications (de leur nombre surtout) ainsi que certains manques dans mon utilisation le rendent inutile. Et FirefoxOS est dans un état encore plus préliminaire de ce côté, même si ça progresse doucement (sans parler du manque d’appareils dignes de ce nom pour l’accueillir).

Youtube reste incontournable en matière de consommation et de publication de contenus vidéo divers et variés. D’ailleurs, en dehors d’Android la boite mail ne me sert que de notifications pour mes abonnements Youtube. Et j’y accède exclusivement par IMAP, sans passer par Gmail. À ce propos c’est la plateforme qui sera normalement utilisée dans un premier temps pour la publication du premier tuto vidéo sur Thunderbird. Avant de choisir autre chose probablement, mais par expérience pas Dailymotion (et tant pis pour le cocorico, désolé, quand on fait pas du bon taf, faut le dire aussi). Si vous cherchez du contenu un peu fouillé, Vimeo semble être un bon repère de créateurs en tous genres (et leurs promesses sont alléchantes : pas de pub envahissante, paramètres de confidentialités sympa, bref, y’a de grandes chances que je craque pour remplacer Youtube ici).

Vous en avez probablement besoin même si vous ne vous en servez pas

Les chiffres mentent rarement. Avec un web gratuit drogué à la pub, la régie AdSense reste l’une des plus rémunératrices et donc la plus utilisée par les sites gratuits. D’ailleurs, actuellement je ne connais aucune autre régie (faux, j’ai commencé à me renseigner entre l’écriture et la publication de l’article), et pourtant, ça fait un bail que je traîne ma peau sur le web. Donc une très grande partie des sites que vous consultez tous les jours n’existent encore que parce qu’ils affichent de la pub Google.

Les parts de marché du moteur de recherche, principal point d’entrée d’une majorité d’internautes (même si dans ce cas, on ne peut décemment pas les qualifier comme tel), font qu’un site se couperait d’une audience non négligeable s’il n’était pas référencé dessus : ce blog tire entre 60 et 70% de son audience du moteur de Google, sans même que je cherche à y être optimisé. Imaginez pour les autres qui font du « SEO » à outrance, ou pire, de l’achat de mots-clés et j’en passe.

Google a aussi une certaine influence sur les développeurs Web à cause de son navigateur, Chrome, en passe de prendre la tête devant un Internet Explorer revenu dans la course à la qualité, mais pas encore en réputation, largement égratignée, à raison; à tel point que Microsoft a lancé le projet Spartan, déjà disponible en préversion dans Windows 10, lui aussi en préversion. Sans parler de Firefox qui perd toujours plus d’utilisateurs, réduisant d’autant son influence sur notre futur. Quand le premier navigateur du monde choisit de dire « telle fonction devra faire ça », les devs suivront logiquement, et les autres devront suivre pour ne pas être laissés derrière. C’est grâce à cette méthode plus que douteuse qu’on va avoir droit aux DRM avec du HTML5 même dans Firefox, alors qu’on pensait que la disparition de Flash nous libèrerait en même temps. Et Chrome arrive régulièrement en tête, même de peu, dans mes statistiques. J’ai déjà évoqué comment ils en sont arrivés là, alors je vais éviter de m’énerver un peu plus.

Bref, un monde sans Google est probablement possible, mais dire que ce sera un chemin de croix et semé d’embûches est un euphémisme particulièrement léger. Après tout, Google n’existe que depuis 1998, quand Microsoft et Apple sont encore debout après plus de trente ans d’existence. Et notre plus vieux fournisseur d’accès en France est une association, pas une société 🙂 D’ailleurs, l’association Framasoft a lancé la campagne Dégooglisons Internet, qui même si elle ne cible pas uniquement Google (tous les gros services centralisés sont visés), montre bien qu’un monde différent, plus respectueux est possible.

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Anthony Pena
Anthony Pena
27/08/2015 13:15

Tu as fait une petite erreur vis-à-vis de Google vers le début de l’article, en effet Motorola n’est plus propriété de Google mais de Lenovo depuis environ 1 an. Et puis Windows 10 et Spartan sont lancés en version final aussi (décalage entre écriture et publication je pense). Mais bon ça change pas grand chose à la qualité de l’article, j’indique ça juste par soucis de précision ^^